🌍 Quand les inondations réveillent le peuple

= Plaidoyer pour une gouvernance environnementale citoyenne =

Kinshasa se noie. Mais ce ne sont pas les pluies qui tuent. Ce sont l’inaction politique, le cynisme technocratique, et le silence complice d’intellectuels sybarites, confortablement installés pendant que le peuple patauge dans la boue. L’environnement congolais n’est pas seulement une urgence écologique — c’est un miroir brisé de notre citoyenneté. Cette tribune est un appel à la lucidité, à l’action, à l’insurrection civique éclairée.

🧨 Le pire poison de la République, c’est la résignation civique

 

En cette Journée mondiale de l’environnement, la RDC ne célèbre pas. Elle suffoque. Et Kinshasa, capitale de la République et du paradoxe, illustre à elle seule la tragédie d’un pays qui abdique sa souveraineté environnementale.

On accuse les pluies. On accuse le climat. Mais on oublie de nommer les vrais coupables :

  • Une urbanisation anarchique planifiée dans l’incompétence,

  • Des montagnes d’ordures comme unique décor citoyen,

  • Des intellectuels déconnectés, formés à l’international mais démissionnaires localement,

  • Une classe politique qui a troqué sa mission contre des selfies à la COP.

"La nature est patiente, mais elle ne pardonne pas l’ignorance organisée."

📜 Une Constitution piétinée dans les flaques

Et pourtant, la loi est claire.

Article 53 de la Constitution :
"Toute personne a droit à un environnement sain et propice à son épanouissement intégral. La personne a le devoir de le défendre. L’État veille à la protection de l’environnement et à la santé des populations."

Mais dans les faits, la Constitution gît au fond des caniveaux bouchés de Kinshasa.

L’environnement, pourtant une compétence concurrente entre l’État central et les provinces (article 202), est géré comme un orphelin institutionnel. L’absence de coordination, de transparence et d’inclusion transforme les bonnes intentions en marécages de corruption.

🔍 Hypocrisie diplomatique, incohérence stratégique

Imaginez une personne qui distribue des masques à tout le monde en pleine panique, sans même en porter un elle-même. Voilà une image qui illustre bien l’incohérence de notre posture actuelle.

La RDC est décrite comme un "pays-solution", un "puits de carbone", un "jardin de l’humanité". Mais pendant ce temps, elle ne parvient même pas à gérer ses propres déchets plastiques, à dégager ses rivières, à protéger ses citoyens des inondations.

"Si le changement climatique est un problème mondial, pourquoi certains pays en subissent-ils les conséquences plus durement que d'autres ?”

Parce qu’ils cumulent vulnérabilité environnementale et démission politique.

🌱 Une gouvernance environnementale citoyenne, pas folklorique

Ce dont la RDC a besoin, ce n’est pas d’un Plan Climat pour plaire aux bailleurs. C’est d’un Plan Civique pour sauver la République. Cela commence dans les communes, dans les écoles, dans les familles :

  • Bannir le plastique à usage unique ;

  • Former les jeunes aux métiers verts ;

  • Créer des réseaux de bénévoles pour nettoyer, planter, réparer ;

  • Impliquer les chefs de quartier dans l’aménagement urbain ;

  • Suivre les pollutions grâce à l’IA et aux données ouvertes ;

  • Éduquer dès la maternelle à l’hygiène urbaine et à l’écosystème citoyen ;

  • Instaurer des tribunaux environnementaux pour responsabiliser.

🛠 Le CRIC, levier d’une gouvernance environnementale populaire

Le CRIC – Contrat Républicain d’Innovation Civique – n’est pas un observateur de cette tragédie. Il est un catalyseur, un espace de rupture, un incubateur d'alternatives concrètes.

  • Face à l’inaction, nous opposons la mobilisation.
  • Face à la pollution, nous promouvons l’éducation.
  • Face au fatalisme, nous réveillons les consciences.

📣 Ce 5 juin 2025 : non pas un souvenir, mais une sommation

Cette Journée mondiale de l’environnement ne doit plus être une célébration de façade, mais une sommation civique.

  • Mettons fin à cette gouvernance de copier-coller.
  • Mettons fin à la transformation de nos lacs et rivières en égouts à ciel ouvert.
  • Faisons du respect de l’environnement un enjeu de souveraineté et de dignité.

Avec le CRIC, construisons une gouvernance environnementale populaire, de rupture, de vérité.

  • Car la RDC n’a plus besoin de discours.
  • Elle a besoin de digues.
  • Et de citoyens debout.

🖊 Pascal Kabitshwa, M.A., M.Sc.
Spécialiste en politiques environnementales et changement climatique
Membre du CRIC-Canada
Fulbright Alumnus